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Le Grand Nord, écran géant, mouche noire et
caribou
La Presse, Samedi le 19 juin 1999
Par Marie-Ève Gérin
Au moment de la publication de cet article, le titre de travail
du film Le
Grand Nord était Quand les montagnes bougent. Le présent
article a été modifié
afin de refléter ce changement.
Imaginez 10 000 caribous agglutinés sur le flanc dune
montagne pelée. Des
milliers de cervidés qui luttent contre un dangereux
et minuscule prédateur.
Quand le mois de juillet se pointe, le caribou ne craint ni
le loup, ni le
carcajou, ni lours noir... mais les mouches noires qui
lui auront sucé,
pendant lété, jusquà un litre
de sang. Sans compter quil sera passé à
deux
doigts de la folie... Le poids des mouches noires, dans tout
le Grand Nord
québécois, dépasse celui des caribous!
Dans quelques jours, la petite équipe du film Le Grand
Nord se livrera aussi en
pâture aux redoutables vampires pour filmer les surprenants
réflexes de leurs
pauvres victimes. Armée de leur caméra Imax et...
dun puissant chasse-
moustiques, une poignée de cinéastes aventuriers
s'attaquera à une autre étape
dun tournage qui a commencé en septembre dernier.
Pourquoi a-t-on choisi dimmortaliser les caribous sur
écran géant?
"Parce que jai appris que les caribous du Nord du
Québec formaient le plus
gros troupeau danimaux au monde, ex æquo avec les
gnous dAfrique. Ça, cest
très "imaxien", soutient Martin J. Dignard,
producteur et instigateur du
projet, le premier film grand format de Motion International
(anciennement le
Groupe Coscient).
En tout, le cheptel de la Rivière Georges compte environ
800 000 têtes. "Le
caribou est aussi le plus grand migrateur à quatre pattes
au monde: il parcourt
6 000 km, soit léquivalent de Montréal à
Vancouver, chaque année", poursuit-
il.
Tout récemment, sous lil attentif dune
quinzaine de techniciens et de
lénorme caméra Imax, une vingtaine de caribous
femelles ont mis bas au Zoo de
Saint-Félicien au Lac Saint-Jean. Capturées dans
le Grand Nord en février
dernier à laide de fusil-lance-filet et rapportées
par avion au parc
zoologique, elles ont donné naissance à une quinzaine
de faons.
Invités à assister à leur mise au monde
il y a quelques jours, les médias ont
dû se contenter de regarder quelques nouveau-nés
gambader dans un enclos avec
leur mère. Aucune naissance n'était au rendez-vous
ce jour-là: "Trop chaud,
trop humide", a-t-on expliqué.
Mais plus quun documentaire sur les caribous, Le Grand
Nord Great North dans
sa version anglaise - se veut un hommage au Grand Nord, aux
Inuits, aux
paysages, à la faune et à la flore nordiques.
"Mon amour pour le Nord a commencé quand javais
15 ans. Jai passé deux
semaines à Ivujivik à la suite dun échange
scolaire. Cest le pouvoir du vide
qui m'a attiré et qui m'attire encore", explique
le producteur. "On veut
montrer la beauté du Nord avec pour fil conducteur le
caribou", ajoute le
biologiste-conseil, Quentin van Ginhoven.
Sans compter que le projet de film donne aussi lieu à
une étude gouvernementale
qui permettra aux biologistes de comparer la croissance de jeunes
caribous en
captivité avec celle des animaux qui évoluent
en milieu naturel. Les jeunes
vedettes du film intégreront les Sentiers de la nature
du Zoo Saint-Félicien
une fois létude complétée dans deux
ans.
Réalisé par Bill Reeves, à qui lon
doit notamment Extreme et Rolling Stones at
the Max, le film de quelque 6 millions ne durera quune
quarantaine de minutes,
comme la grande majorité des films tournés pour
les écrans Imax. La portion
filmée au Zoo Saint-Félicien ne doit représenter
quune minute du film...
La sortie en salles du film Le Grand Nord se fera simultanément
à Montréal, à
Québec, à Stockholm et au Japon en juin 2000.