La presse écrite

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LE GRAND NORD Spectaculaire conte polaire

La Presse, Samedi le 10 février 2001
Alexandre Vigneault

À mi-chemin entre les documentaires de la série Les Grands explorateurs et les films à sensation comme on en voit tant chez Imax, Le Grand Nord est une spectaculaire fable humaniste.

Vu le nombre de producteurs de films Imax installés à Montréal, il était inévitable que cette technologie de cinéma grand format soit un jour utilisée pour explorer le territoire québécois. La mission a finalement été accomplie par l'équipe de Martin J. Dignard, co-réalisateur et producteur de Grand Nord, un fort beau conte cinématographique en forme d'hommage aux régions polaires. Tourné au Labrador, au Nunavik et en terre Saami (au sommet de la Suède), Le Grand Nord est l'aboutissement d'un vieux rêve de M. Dignard. Adolescent, il a participé à un échange scolaire avec des Inuits. Les souvenirs des vastes panoramas de la toundra, d'une nuit passée dans un igloo à 50 degrés sous zéro et de l'indicible silence qui règne sur le toit du monde ne l'ont plus jamais quitté. Il voulait les transmettre au plus grand nombre de gens possible. À mi-chemin entre les documentaires de la série Les Grands explorateurs et les films à sensation comme on en voit tant chez Imax, Le Grand Nord est une spectaculaire fable humaniste. Encadré par le récit d'Adamie Inukpuk (petit-fils de Nanook, personnage titre de Nanook of the North réalisé en 1922 par l'Américain Robert J. Flaherty), le film raconte les pays Inuit et Saami ainsi que l'importance qu'occupent le caribou et le renne dans leurs mythologies respectives.

En quarante petites minutes, Le Grand Nord brosse un intéressant portrait d'un territoire qui, dans l'imaginaire citadin, semble être un enfer blanc. On y voit bien sûr des glaciers impassibles, des icebergs à l'air inoffensif, le ciel et la terre qui s'embrassent à l'horizon. Mais après s'être gavé de larges portions de territoire, la caméra suit longuement les impressionnantes migrations des caribous. Le film prend alors une dimension épique.

Les troupeaux de caribous de la rivière Georges et de la rivière aux Feuilles comptent au total plus d'un million de têtes. Il s'agit du plus grand cheptel au monde. Observer leur course effrénée, du haut des airs, lorsqu'ils traversent rivières et vallons en hardes de plus de 10000 individus est un rare privilège. Le carrousel des rennes semi-domestiques, dans les enclos des Saami (autrefois appelés Lapons), est tout aussi majestueux.

Réaliser un tel film constituait un défi considérable -le dossier de presse insiste d'ailleurs sur l'arsenal technologique qui lui fut nécessaire. Le jeu en valait la chandelle. D'autant plus que le travail des scénaristes, David Homel et Georges-Hébert Germain, ramène constamment le film à une dimension humaine et lui évite le piège de n'être qu'une suite d'images tape-à-l'oeil.

LE GRAND NORD, de Martin J. Dignard et William Reeve. Scénario: Georges-Hébert Germain, David Homel. Images: Dominique Gentil, David De Volpi.